La visite du ministre turc de la Défense révèle l'impasse de l'alliance Qatar- Turquie

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La récente visite du ministre turc de la Défense Hulusi Akar au Qatar dimanche dernier, deux semaines après la visite du président turc Recep Tayyip Erdogan à Doha, révèle l'ampleur de l'impasse dont souffre Ankara et sa dépendance principalement à la fortune de son allié qatari pour régler les factures d'échec interne et externe d'Erdogan, selon un report publié dans le site d'actualités "Al-Ain".

L'agence de presse officielle du Qatar a indiqué que Tamim bin Hamad Al Thani a reçu, dimanche, le ministre turc de la Défense et sa délégation d'accompagnement, au palais Qasr Al Bahr, sans en révéler davantage sur la visite et ses objectifs. 

Le dossier libyen est le dossier le plus important de cette visite. Akar s'était déjà rendu à Doha il y a deux semaines parmi une délégation accompagnant Erdogan le 2 juillet. Le lendemain de sa visite à Doha, Akar est parti pour la Libye, lors d'une visite surprise au cours de laquelle il a fait d'étranges déclarations. Il a exprimé l'intention de son pays de rester pour toujours en Libye et a souligné que la Turquie ne renoncerait pas à ses plans en Libye.

Il est devenu clair que ces déclarations sont intervenues après l'accord sur le plan de ruine en Libye, basé sur la poursuite de l'intervention militaire turque et le transfert de plus de mercenaires, à condition que Doha fournisse un soutien matériel pour financer le plan, lors de la réunion de l'alliance maléfique Turquie- Qatar à Doha.

Variables importantes

Selon le site, il y a 4 variables importantes qui ont confondu le plan turco-qatari de traiter le dossier libyen, et bouleversé l'alliance maléfique, à travers laquelle il est possible de comprendre ces visites répétées des Turcs au Qatar. Ces variables sont:

La sagesse de Sisi

La politique égyptienne dans le traitement du dossier libyen suit un cours gradué pour parvenir à une solution politique à la crise, dans le cadre des lignes rouges tracées par l'Égypte pour empêcher toute altération de sa sécurité nationale et préserver la sécurité libyenne.

Ce cours gradué a réussi à accomplir plusieurs affaires, notamment la divulgation au monde entier des ambitions de la Turquie dans la fortune de la Libye, le soutien international accru à la vision de l'Égypte de résoudre politiquement la crise libyenne, jeter les bases et les déterminants de l'intervention militaire égyptienne pour résoudre la crise et brouiller les plans de l'alliance maléfique pour étendre son agression militaire en Libye.

Au sein de ce cours gradué, 3 étapes notables ont été franchies: la première étape est le lancement de l'initiative égyptienne le 6 juin dernier, visant à résoudre la crise en Libye.

L'initiative comprend un cessez-le-feu, amener les parties à la table de négociations pour parvenir à une solution politique sous les auspices des Nations Unies, le désarmement des milices et des mercenaires et l'arrêt de l'ingérence étrangère en Libye. L'initiative, appelée "Déclaration du Caire", a recueilli un large soutien arabe et international.

La deuxième étape de ce cours gradué a été des messages directs et décisifs du président Sisi, dans lesquels il a évoqué la possibilité d'une intervention militaire en Libye, pour préserver la sécurité et la stabilité des deux pays, lors de sa visite dans la région militaire occidentale près de la frontière libyenne le 20 juin dernier.

Il a souligné que toute ingérence de l'Égypte en Libye a désormais acquis une légitimité internationale, d'autant plus que des pays continuent à armer les milices extrémistes, confirmant que Syrte et Al Djoufrah sont une ligne rouge.

La troisième étape est la rencontre du président Abdel Fattah Al-Sisi et des cheikhs et notables des tribus libyennes, le 16 juillet, qui a été un message de confirmation à la communauté internationale de la légitimité de la position égyptienne et de son intervention pour protéger la sécurité nationale et arabe.

Le président égyptien a rencontré les cheikhs et notables des tribus libyennes au Caire, sous le slogan "L'Égypte et la Libye: un seul peuple, un seul destin". Il a déclaré lors de la réunion que l'étape actuelle exige que les combats en Libye s'arrêtent à la ligne Syrte-Al Djoufrah, soulignant que le Caire n'interférera pas en Libye qu'à la demande et sur l'ordre de son peuple.

Lors de leur rencontre avec le président égyptien, les cheikhs et notables des tribus libyennes ont exprimé leur mandat à l'armée égyptienne pour intervenir en Libye si nécessaire.

Les tribus libyennes ont appelé l'Égypte à soutenir la Libye et à la nettoyer des envahisseurs turcs et empêcher sa livraison aux Frères musulmans et aux extrémistes. Les cheikhs et notables des tribus ont déclaré que toute la partie occidentale de la Libye est occupée par les Turcs avec l'aide de traîtres.

La réunion des cheikhs tribaux est survenue deux jours après que le parlement libyen a annoncé son accueil des efforts concertés entre la Libye et l'Égypte pour vaincre "l'occupant turc", considérant que les forces égyptiennes ont le droit d'intervenir afin de préserver la sécurité nationale commune entre les deux pays.

La visite des cheikhs tribaux arabes en Égypte, leur rencontre avec le président et le mandat du parlement et des tribus à l'armée égyptienne ont formé un message pour la communauté internationale confirmant la légitimité de l'Égypte à préserver sa sécurité nationale et arabe, et un message qui a clairement confondu Erdogan, ce qui est apparu dans ses déclarations confuses sur les mouvements égyptiens dans le dossier libyen.

Cibler la base aérienne d'al-Watiya

Cibler la base aérienne d'Al-Watiya en Libye, au sud-ouest de Tripoli, qui est contrôlée par la milice Al-Wefaq et la Turquie, a également constitué un changement important dans l'évolution de la crise libyenne, d'autant plus que cette opération est intervenue deux jours seulement après la visite du ministre turc de la Défense en Libye, effectuée le lendemain de sa visite avec son président et de sa visite au Qatar et de leur rencontre avec l'émir Tamim bin Hamad; le dossier libyen est venu en tête des pourparlers entre les deux parties.

L'armée nationale libyenne a révélé, le 6 juillet, que l'opération qui a visé la base aérienne d'Al- Watiya avait été menée en ciblant 9 sites turcs de la base, et que le taux de destruction des équipements de la base atteignait environ 80%.

Ce bombardement représente un message fort à Ankara selon lequel il est menacé, non seulement s'il progresse vers Syrte ou Al Djoufrah jusqu'au Croissant pétrolier libyen à l'est du pays, mais même dans ses lieux de concentration dans l'Ouest libyen.

La crise économique

La troisième variable qui peut être lue par la visite d'Akar à Doha est la demande d'Ankara de plus de soutien dans le cadre de l'aggravation de la crise économique en Turquie.

Entre déflation, coûts élevés et effondrement de la monnaie, l'économie turque vacille, étant en crise sous le choc de l'effondrement de sa monnaie depuis août 2018, avec des répercussions négatives sur le marché local.

Des données récentes ont révélé que le déficit budgétaire de la Turquie a établi un nouveau record, atteignant environ 109,5 milliards de lires au cours du premier semestre de cette année.

En raison des crises, la déflation est devenue un allié de l'économie turque en mai dernier, pour le deuxième mois consécutif, portée par deux coups durs, le premier lié aux conséquences économiques négatives de l'épidémie du Coronavirus, et le seconde lié à la forte baisse des devises et son impact sur la production.

Tensions de la Méditerranée orientale

La visite d'Akar intervient à un moment où les tensions s'intensifient dans la région de la Méditerranée orientale en raison des ambitions expansionnistes d'Erdogan, après que la Turquie a annoncé qu'elle commencerait des opérations d'exploration énergétique dans l'est de la Méditerranée, conformément à l'accord controversé avec le gouvernement de Tripoli.

Erdogan et le chef du gouvernement de Tripoli, Fayez al-Sarraj, ont signé à la fin de l'année dernière deux accords, l'un portait sur la sécurité, et le second pour délimiter la frontière en Méditerranée.

Ankara utilise le deuxième accord comme prétexte pour étendre son influence dans la région de la Méditerranée orientale dans l'intérêt des ressources énergétiques, au milieu des protestations de la plupart des pays de la région.

Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias a déclaré dimanche que son pays était confronté à une agression croissante de la Turquie, en violation totale du droit international, du droit international de la mer et des relations de bon voisinage.

Dans des déclarations au ministère des Affaires étrangères, Dendias a souligné que la Turquie "est devenue malheureusement un facteur de déstabilisation dans l'est de la Méditerranée".

Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a appelé l'Union européenne à préparer une liste de sanctions sévères contre la Turquie, en raison de sa politique dans la région.

Mitsotakis a condamné les "politiques expansionnistes" de la Turquie dans la région de la Méditerranée orientale, soulignant que les actions turques augmentent la tension dans toute la région.

La Grèce et la Turquie ont des différends sur un certain nombre de questions depuis des décennies, allant des différends sur les droits d'exploitation des ressources minérales de la mer Égée à Chypre.

La déclaration du ministère français des Affaires étrangères a affirmé, lundi dernier, que la position des pays de l'Union européenne est unifiée sur la nécessité de soutenir la position de Chypre et de la Grèce face aux politiques turques.

Visite d'Akar ... une réunion de crise

Au vu de ces changements, il est possible de comprendre que la visite du ministre turc de la Défense à Doha et sa rencontre avec l'émir du Qatar, Tamim bin Hamad, viennent pour plusieurs objectifs, à savoir: demander plus de soutien, étant donné que le soutien qatari à la Turquie qui avait été convenu lors de la dernière réunion ne suffit plus à la lumière des changements sur le terrain ayant confondu les plans préalablement convenus.

La visite a également visé la discussion du traitement des messages de dissuasion égyptienne et des répercussions de toute mesure visant à étendre l'agression dans la période à venir à la lumière du mandat du parlement et des tribus pour que l'Égypte intervienne pour vaincre l'agression turque, ainsi que les coûts politiques, matériels et militaires élevés attendus en cas de franchissement des lignes rouges tracées par l'Égypte.

Cette visite comprenait également une demande de financement direct du Qatar pour soutenir l'économie turque, qui souffre de crises successives, tout en discutant des raisons de l'échec des services de renseignement conjoints entre les deux parties dans l'anticipation de l'issue des choses en Libye, ainsi que les moyens de soutenir Doha pour réduire la pression européenne croissante sur elle à la lumière de ses mouvements rejetés.